Ces dernières années, les données issues de la recherche scientifique ont parfois été âprement discutées et débattues, menant à des interprétations diamétralement opposées, générant ainsi dans la population des incompréhensions mettant à mal certaines décisions politiques (e.g., la vaccination contre le COVID-19, la lutte contre le réchauffement climatique et la diminution des gaz à effet de serre, la prolongation de l’aide internationale aux pays en voie de développement, etc.).
Ces débats trouvent notamment leur origine dans la “méconduite” scientifique, l’idéologie, la recherche de la gloire scientifique, la pression à la publication, etc., mais aussi dans la méconnaissance de ce qu’est et n’est pas la recherche scientifique, des questions auxquelles la science peut ou non apporter un éclairage ou une réponse.
On citera par exemple la falsification de données présentées comme probantes dans l’affaire Dietrik Stapel qui a inventé des jeux entiers de données. On citera également “l’embellissement” (l’arrangement) des données (par exemple la manipulation des images médicales attestant de l’existence d’un phénomène pour le rendre plus convaincant). Les cas de “p hacking” qui concernent l’adaptation de l’analyse statistique en cours de réalisation en fonction des résultats qu’elle produit sont nombreux et illustrent également ces mauvaises pratiques. On rapportera encore l’accroissement inhabituel des résultats dits “statistiquement significatifs” (p < .05) qui ont conduit à la Crise de la Réplication (dit encore crise de la reproductibilité), un cataclysme scientifique puisque les connaissances académiques de certaines disciplines (dont la psychologie ou l’oncologie) sont apparues comme très largement fausses et incorrectes (Ioannidis, J. P., 2005. Why most published research findings are false. PLoS medicine, 2(8), e124. ; voir aussi Baker, M., 2015. Over half of psychology studies fail reproducibility test. Nature, 27, 1–3.)
L’objectif de ce colloque multidisciplinaire (droit, philosophie, économie, psychologie, biologie, sciences de l’éducation) est de sensibiliser les différents acteurs de la recherche (chercheurs, étudiants, bibliothécaires, documentalistes, etc.), les citoyens et les partenaires institutionnels représentant les citoyens et les organisations sociales aux enjeux associés à l’éthique, la déontologie et l’intégrité scientifique.
Les conférences proposées dans ce colloque aborderont notamment les aspects règlementaires et les exigences de l’intégrité scientifique définies depuis 2021 (article L. 211–2) dans le code de la recherche (“[…] Les travaux de recherche, notamment l’ensemble des activités de la recherche publique contribuant à ses objectifs mentionnés à l’article L. 112–1, respectent les exigences de l’intégrité scientifique visant à garantir leur caractère honnête et scientifiquement rigoureux et à consolider le lien de confiance avec la société. L’intégrité scientifique contribue à garantir l’impartialité des recherches et l’objectivité de leurs résultats.[…]”. Voir aussi le décret 2021–1572 du 3 décembre 2021 relatif au respect des exigences de l’intégrité scientifique). Il débutera par une conférence dédiée à la philosophie de la connaissance et à l’épistémologie, et se poursuivra par les implications légales (civiles et pénales) des manquements à l’éthique et à la déontologie. Il mettra également l’accent sur les mécanismes individuels ou sociaux pouvant pousser à des manquements éthiques et déontologiques. Seront alors présentés des exemples de mauvaises conduites reliés aux différentes disciplines représentées dans notre établissement (économie, biologie, sciences de l’éducation, psychologie, etc.) et les solutions qu’il est possible d’y apporter. Une conférence sera dédiée à la bioéthique.
Ce colloque favorisera donc une démarche critique en proposant des interventions permettant de comprendre, d’illustrer et de porter les exigences de l’intégrité de la recherche à l’ère de l’ouverture de la science à la société vers qui elle est intrinsèquement dirigée. Une autre des finalités de ce colloque pluridisciplinaire est la publication d’un ouvrage collectif adossé à des vidéos des principaux concepts et moments de la manifestation. Avant tout, le colloque vise à former et à informer nos étudiants (plus particulièrement nos masters et doctorants) aux enjeux de la recherche scientifique responsable et soucieuse de son impact sociétal, mais aussi des coûts financiers et sociétaux induits par une pratique non conforme.
Programme
- 9h : Accueil du public et des participants
MATIN – Présentateur Elias Bouacida
- 9h30 : Ouverture, par Arnaud Regnauld, VP Recherche et Professeur de Littérature Américaine et Traduction à l’université Paris 8
- 9h45 : L’intégrité scientifique au sein du droit de la recherche scientifique, Catherine Puigelier, Présidente du Comité d’Éthique de Paris 8, Professeur de Droit privé à l’université Paris 8
- 10h15 : Science ouverte, intégrité scientifique et éthique : enjeux liés aux données de la recherche, Goran Sekulovski, Responsable des données de la recherche et chargé de mission Science Ouverte à l’université Paris 8
- 10h45 – 11h : Pause
- 11h : Les sciences humaines et sociales au défi de l’éthique des recherches, Olivia Gross, Maîtresse de conférences HDR en sciences de l’éducation à l’Université Sorbonne Paris Nord et Présidente du Comité d’Éthique des Recherches de l’Université Sorbonne Paris Nord
- 11h30 : Philosophies de l’éthique et recherche scientifique, Emmanuel Brochier, Maître de conférences en philosophie et doyen de l’IPC (Facultés Libres de philosophie et de psychologie – Paris)
- 12h – 13h : Repas (buffet chaud et froid)
APRÈS-MIDI – Présentateur Emmanuel Brochier
- 13h : L’économie et ses deux aspects normatifs : prescription et pratique, Elias Bouacida, MCF en économie, UFR AES-EG, laboratoire LED, à l’université Paris 8
- 13h30 : Utilité sociale de la recherche scientifique, Samuel Demarchi, MCF-HDR en psychologie à l’Université Paris 8, laboratoire CHArt
- 14h : Éthique de la recherche médicale : l’exemple des modèles embryonnaires humains, Jean-François Guérin, Professeur émérite à la faculté de médecine Lyon Est et président du Conseil d’orientation de l’Agence de la Biomédecine
- 14h30 – 14h45 : Pause
- 14h45 : Éthique et progrès de la biologie, Nadine Varin, Directrice de recherche à SIHEM (INSERM-Université Sorbonne Paris Nord)
- 15h15 : De l’éthique au droit de l’intelligence artificielle, Bertrand Warusfel, Professeur de Droit à l’université Paris 8, Centre de recherches juridiques de Paris 8
- 16h : Conclusion du colloque
Organisation
- Samuel Demarchi
- Goran Sekulovski
- Colloque organisé dans le cadre d’un Appel à Projet “Manifestation Scientifique 2024” de l’université Paris 8
Avec le soutien de
- Laboratoire Cognition Humaine et Artificielle (CHArt, CY, EPHE-PSL, Paris 8)
- Laboratoire d’Économie Dionysien (LED, Paris 8)
- Cergy Paris Université
- École Pratique des Hautes Études – Paris Sciences et Lettres
- IPC – Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie
Inscription : https://ethique.sciencesconf.org/
Contacts
samuel.demarchi@univ-paris8.fr
goran.sekulovski@univ-paris8.fr